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Pour une DGF équitable

Le principe d’équité est au fondement des modalités de calcul de la DGF des EPLE mais encore faut-il s’entendre sur le sens de cette notion et les modalités pratiques de son application.

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Témoignage d'un Département, documents de référence issus de différentes collectivités et production de fiches outils en ateliers

16 et 17 mai 2024

Gestion financière du service de restauration et d'hébergement

Méthode complète illustrée par des exemples concrets

23 et 24 mai 2024

Les modalités de calcul du forfait d’externat

Présentation d’une méthode de calcul directement applicable

28 mai 2024

le 01 octobre 2014

EDITORIAL - La culture scientifique, technique et industrielle, nouvelle compétence des Régions

L’une des dispositions de la loi « enseignement supérieur et recherche » du 22 juillet 2013 attribue aux Régions la responsabilité de la mise en cohérence des actions en faveur de la culture scientifique, technique et industrielle (CSTI).

EprouvettesLe domaine n’est pas nouveau pour les Régions. Depuis une trentaine d’années en effet, des centres de culture scientifique, technique et industrielle (CCSTI) se sont créés sur tout le territoire national, souvent à l’initiative ou avec le soutien financier d’un conseil régional. Mais jusqu’à présent, l’Etat jouait un rôle central de coordination des acteurs. La loi de 2013, en faisant de chaque Région l’organisateur de la CSTI sur son territoire, contraint l’Etat à redéfinir son rôle dans des termes plus stratégiques

On a peu commenté cette décision, peut-être parce que son inscription dans une loi relative à l’enseignement supérieur et à la recherche masque la réalité de son champ d’application qui va bien au-delà du titre de la loi. Les enjeux principaux de la CSTI se situent en effet du côté de la culture et de l’éducation.

Le C de CSTI

Placer la science, la technique et l’industrie du côté de la culture ne va pas de soi. On peine par exemple à trouver mention de CSTI sur le site du ministère de la culture et de la communication… Et pourtant, la culture est incomplète et déséquilibrée tant qu’elle n’incorpore pas, à côté des œuvres et des valeurs esthétiques, les objets et les valeurs de la science et de la technique. Et la culture scientifique et technique est, elle aussi, incomplète et déséquilibrée tant qu’elle ne prend pas en compte les moyens par lesquels elle s’exprime : ceux de la recherche mais aussi ceux de l’industrie.

Leonardo da Vinci: Diagram of a proposed flying machine (1789)Comprise de cette façon, la CSTI est une composante de la culture que les Régions, si elles le souhaitent, gagneraient à intégrer et à valoriser dans leur politique culturelle globale, davantage peut-être que l’Etat ne le fait aujourd’hui de son côté.

Les raisons pour s’engager dans cette voie ne manquent pas. Les questions relatives à ce que l’on appelle les technosciences sont aujourd’hui au cœur du débat citoyen et du développement économique. Se cultiver, au sens complet qui a été donné plus haut, est le moyen par lequel le citoyen se donne les moyens de contribuer au développement industriel et de participer au débat public sur les questions d’environnement notamment. Or ces questions se posent d’abord et plus efficacement au niveau des territoires qu’à celui de la Nation.

Les difficiles relations de l’école avec la CSTI

Autre enjeu de la CSTI, celui de l’éducation, c’est-à-dire de la place des sciences et des techniques dans l’enseignement. A première vue, c’est une place de choix. Au lycée, les disciplines scientifiques sont reines : elles servent à la sélection des meilleurs. Mais pourrait-on dire, au risque de forcer le trait, elles ne sont reines que là et elles n’y servent qu’à cela. Quant aux disciplines techniques, leur rôle est symétrique de celui des sciences dans le processus de sélection et d’orientation : elles demeurent souvent des filières de formation par défaut. Les ministres s’en désolent depuis plusieurs décennies mais sans réussir à renverser cet ordre ancien des choses.

ADNConséquence de cette hiérarchie et de l’exploitation des disciplines scolaires qu’elle sous-tend : à l’université, les filières scientifiques et techniques sont délaissées. Nos grandes écoles parviennent encore à préserver notre rang en mathématiques et en ingénierie industrielle dans nos domaines d’excellence (l’aéronautique, le BTP, l’énergie, l’agroalimentaire,…). Mais ce n’est plus suffisant. Dans un temps où le développement économique, responsabilité centrale des Régions, est plus que jamais lié à l’innovation technologique, la réhabilitation des métiers scientifiques et techniques auprès des jeunes devient un impératif.

Faire entrer les valeurs de la CSTI dans le système scolaire, dès l’école primaire, c’est ce que réclament les sénateurs Maud OLIVIER et Jean-Pierre LELEUX dans leur rapport « Faire connaître et partager les cultures scientifique, techniques et industrielles : un impératif » (janvier 2014). C’est aussi ce que préconisaient en 2012 les inspecteurs généraux de l’éducation nationale en explicitant les raisons pour lesquelles, dans notre système éducatif national, les sciences occupent une place centrale mais sans parvenir à développer chez les jeunes le goût pour la CSTI et les métiers techniques et scientifiques (consulter le rapport « La diffusion de la culture scientifique : bilan et perspectives »). Des grandes opérations comme La main à la pâte au niveau primaire et l’enseignement intégré des sciences et de la technologie au collège visent à relever ce défi. Mais leurs effets sur les vocations des jeunes ne sont pas encore visibles.

Une responsabilité

C’est au final une bien lourde responsabilité qui vient d’être attribuée aux Régions. Et sans doute feront-elles valoir qu’elles ne disposent pas toujours des moyens requis pour y faire face. Il faudra pourtant qu’elles les trouvent, quitte à se montrer elles-mêmes ingénieuses en recherchant des voies nouvelles pour promouvoir la CSTI sur leur territoire. Dans ce domaine, elles pourront s’appuyer sur les acteurs en place. Ils sont nombreux et compétents : ce sont bien sûr les médiateurs des CCSTI et du secteur associatif, les chercheurs qui consacrent une partie de leur temps à la diffusion de la CSTI, les enseignants du primaire du secondaire enfin qui accepteront de coopérer avec eux.

Signalons enfin le que le programme des investissements d’avenir aura consacré, entre 2011 et 2016, un budget de 100 M€ pour soutenir des projets en faveur de la CSTI.

Par Serge POUTS-LAJUS