le 10 mai 2016
EDITORIAL - "La mixité se travaille au niveau local"
Le 21 juin prochain se tiendra notre journée d'échanges et de réflexion sur la mixité sociale dans les collèges.
Entretien avec Catherine Moisan, ancienne directrice des affaires scolaires de la Ville et du Département de Paris, et il y a peu encore directrice de l'évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) pour le ministère de l'Education nationale.
Vous avez conçu et vous animerez cette journée sur la mixité sociale dans les collèges à l’attention des Départements. Pouvez-vous nous expliquer en quoi le sujet vous semble pertinent ?
Tous les conseils départementaux sont à un moment ou un autre confrontés à la question de la mixité dans les collèges de leurs territoires urbains, soit pour des raisons démographiques qui les obligent par exemple à repenser leur carte scolaire ou à envisager des fermetures, soit parce que leurs élus souhaitent mettre en place une politique volontariste en faveur de la mixité. Donc au final beaucoup de Départements sont concernés.
Or pour travailler sur le sujet, il est évidemment nécessaire savoir de quoi on parle mais il faut aussi disposer des outils adéquats. Au cours de la journée, nous souhaitons nous attarder sur cette question des outils : qui les détient ? comment les partager ? que peuvent en faire les Départements ?...
Trois Départements viendront partager leur expérience. Pouvez-vous nous les présenter et nous dire en quoi leurs cas vous paraissent éclairants ?
Quand on parle de mixité, les outils sont importants, je viens de le dire. Mais une fois le temps de la mise en œuvre venu, c’est la concertation qui est essentielle : avec l’Education nationale, avec les familles, avec l’enseignement privé, avec les communes, etc. Qui mieux que des représentants des Départements pourraient nous éclairer sur ce sujet ?
Trois Départements nous font l’honneur de témoigner à la tribune, dans l'ordre de leur passage :
- La Meurthe-et-Moselle, grand Département de l’Est dont la population croît faiblement et qui a entrepris il y a plusieurs années de revoir entièrement l’aménagement des collèges sur son territoire ;
- Les Hauts-de-Seine, territoire dense et riche qui comprend aussi des poches de pauvreté ;
- Le Gard, Département du Midi qui connaît une paupérisation du centre ville de son chef lieu, Nîmes.
Ces trois cas sont intéressants en eux-mêmes mais ils le sont aussi par leur diversité et leur complémentarité.
Par exemple, Mme Fauquet du Gard va nous parler de nouveaux projets qui débutent à Nîmes tandis M. Beaudonck des Hauts-de-Seine reviendra sur des projets achevés dont il peut désormais dresser le bilan. M. Biedinger de Meurthe-et-Moselle témoignera quant à lui d’une démarche globale singulière et du dispositif de concertation innovant et opérationnel qu’il a réussi à mettre en place.
On peut penser la mixité au niveau national mais elle ne peut se travailler qu’au niveau local.
Mais en matière de mixité, les Départements ne peuvent pas agir efficacement sans leurs partenaires…
La qualité de la concertation avec l’Education nationale est évidemment fondamentale puisque les Départements sectorisent et les Rectorats affectent. Idéalement, il faudrait que le projet de la collectivité soit co-construit avec les services de l’Education nationale. Et pour d’autres raisons encore, il est crucial de travailler avec les représentants de l’enseignement privé qui accueillent sur certains territoires une part non négligeable du public collégien.
En conclusion, je dirais que chaque territoire est singulier. Par conséquent, il n’existe pas une façon de faire qui fonctionnerait partout. C’est en cela qu’il nous a paru intéressant de construire notre journée à partir de cas concrets, nombreux et variés. Et nous comptons sur les participants pour enrichir la collection avec leurs témoignages !