le 02 novembre 2016
EDITORIAL - Oser l’autonomie de l’établissement scolaire ?
Par quelque bout que la question de la réforme de l’éducation soit abordée, vient toujours un moment où elle butte sur le sujet du projet pédagogique de l’établissement et des moyens requis pour le concevoir et le faire vivre.
L’autonomie de l’établissement est-elle la solution à tous nos maux ou bien une ligne à ne jamais franchir, le rempart nécessaire pour maintenir l’Ecole dans le service public ? Aucun de ces jugements simplistes n’est fondé.On trouvera sans peine des systèmes éducatifs que l’autonomie des établissements n’a pas protégé de la crise (les Etats-Unis) et d’autres où les établissements sont très autonomes sans pour autant mettre en péril le système public (la Suisse). Le plus difficile est donc de se défaire des idées reçues et des faux raisonnements.
Le système éducatif français s’est construit selon un modèle où le niveau d’autonomie des établissements est exceptionnellement faible. Au premier degré, les écoles, placées sous la double tutelle de l’Education nationale et d’une collectivité territoriale (commune ou intercommunalité), ne disposent quasiment d’aucune marge d’autonomie. Au second degré, l’EPLE, établissement public en principe autonome, ne l’est que de façon très relative et incomplète.
Il faut le dire clairement. Dans notre système éducatif, les moyens de l’autonomie pédagogique sont principalement détenus par les enseignants. L’Etat leur fixe des objectifs à travers des programmes nationaux et leur fait globalement confiance pour les atteindre. Les écoles, les collèges et les lycées tendent, chacun dans leurs catégories, à se conformer à un modèle commun de fonctionnement et donc à se ressembler tous.
Tous ? Non, pas tout-à-fait. Dans les centres villes, certains lycées (Henri IV, Le Parc, Fermat) ont construit avec le temps une identité forte qui les distingue de tous les autres. Mais c’est une exception qui confirme la règle et ne fait que refléter le caractère inégalitaire d’un système dont l’égalité était pourtant la finalité première.
Une distribution différente, plus équilibrée, de l’autonomie dans notre système éducatif est-elle envisageable ? Les enseignants sont-ils prêts à abandonner une part de la leur aux établissements où ils exercent ? La question n’a d’intérêt que si une telle évolution entraîne un effet positif global et notamment si elle contribue à remettre en cause la dérive inégalitaire du système, souvent dénoncée. Si elle permet par exemple aux établissements de la périphérie de construire leur identité comme l’ont déjà fait ceux du centre.
Nous le croyons et nous sommes de plus en plus nombreux à le croire.