le 10 septembre 2021
Evaluer les politiques éducatives
Les politiques en faveur de l'éducation et leur évaluation.
La nécessité d’évaluer régulièrement les politiques publiques n’est pas nouvelle. Elle se fonde sur deux arguments principaux : l’un relatif à l’efficacité de ces politiques, l’autre à l’obligation de rendre compte aux citoyens de la bonne utilisation de l’argent public. Dans le champ de l’éducation l’évaluation des politiques publiques rencontre néanmoins des difficultés particulières. Elles sont de deux ordres. D’une part, les critères objectifs permettant de mesurer les effets des actions éducatives sont difficiles à élaborer du fait même de la complexité de ce qu’il s’agit d’évaluer : des acquisitions de savoirs et de compétences. D’autre part, les politiques publiques d’éducation sont, dans notre pays, portées conjointement par l’Etat et des collectivités territoriales souveraines. Elles sont donc le plus souvent réalisées de façon séparée, chaque institution évaluant les effets de sa politique dans le champ de responsabilité qui est le sien.
Dans le domaine du numérique par exemple, les départements et les régions évaluent la qualité des infrastructures et des équipements dont elles dotent les collèges ou les lycées et les usages auxquels ils donnent lieu. La Région Normandie a ainsi confié en 2020 à Education & Territoires l’évaluation de son plan « lycées 100% numérique » dont la synthèse vient d’être publiée. Mais c’est l’Education nationale et notamment la DEPP (direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance) qui évalue, dans le cadre du projet ELAINE, les effets des usages du numérique sur les compétences des élèves.
Le numérique n’est évidemment pas le seul champ des politiques publiques éducatives qui donne lieu à évaluation de la part des collectivités territoriales. Les villes évaluent les activités qu’elles conduisent dans le domaine périscolaire ou dans celui de la jeunesse. Les départements évaluent les effets des activités éducatives complémentaires, notamment culturelles, proposées aux collèges. Les régions évaluent les conditions dans lesquelles elles s’emparent de leurs nouvelles compétences. C’est par exemple le cas de la Nouvelle-Aquitaine qui a confié à Education & Territoires l’évaluation au fil de l’eau de sa prise de compétences en matière d’orientation. De son côté, le ministère a créé le Conseil d’évaluation de l’école qui sera spécifiquement chargé de l’évaluation des établissements.
Il est évidemment souhaitable que les politiques publiques éducatives soient évaluées le plus souvent possible. Mais peut-être faut-il aussi souhaiter que chaque acteur institutionnel ne se limite pas à évaluer ce qui relève strictement de son champ de compétence, ne serait-ce que pour mieux comprendre les impacts de l’action publique.